La fish pedicure m’effraie autant qu’elle me questionne.

J’ai une vraie phobie des poissons. Laissez moi une heure devant l’étalage du poissonnier, il y a fort à parier que je finis en PLS, ensevelie sous les glaçons. (Non, je n’exagère jamais). 

Il y a une serveuse, en Corse, qui doit encore se souvenir de la cliente qui est montée sur sa chaise en hurlant alors que la cloche de son déjeuner se soulevait et qu’elle découvrait un poisson avec la tête. Mort, hein. Quand même. 

Un copain, pour amuser la galerie, m’a un jour foutu une tête de poisson dans mon assiette. La soirée est partie en vrille et on m’a retrouvée dans les chiottes, me balançant d’avant en arrière. Avec de la bave dégoulinant de mes lèvres. Lèvres qui bougeaient pour signifier que ledit copain ne s’en sortirait pas vivant si je lui mettais la main dessus.

A la mer, je veux bien me baigner, mais seulement si je vois mes pieds. Et de préférence avec une bouée.

Bref, la fish pedicure ce n’est pas du tout une bonne idée.

Alors quoi, j’étais bourrée quand j’ai écrit “faire une fish pedicure” dans ma bucket liste d’avant 40 ans ?

Même pas. Je me disais qu’il fallait bien mettre un peu de piment dans cette liste, sortir de ma zone de confort.

J’étais prête. Enfin, j’avais un an devant moi pour me faire à l’idée, quoi.

Et puis, j’ai reçu des commentaires.

La fish pedicure, sérieux ? C’est pas génial, en fait.

J’ai lu des mots qui auraient mieux fait de rester sur le forum de Doctissimo.  Mycoses. Verrues. Bactéries.

On m’a parlé d’instituts qui n’utilisaient pas les gara ruffa, mais d’autres poissons plus jeunes avec des dents plus aiguisées.

Et puis je me suis retrouvée en vacances avec Serena, hypocondriaque notoire :

“La fish pedicure tu oublies. Point. C’est dégueulasse. “

 

Serena n’est pas seulement une influenceuse sur le net, sache. Elle est même plus influente dans la vraie vie, parce qu’elle t’a sous la main pour te balancer un coup de boule rotatif. Elle n’a pas besoin, ceci dit. Un seul de ses regards et le Parrain se fait pipi dessus. 

J’ai donc acquiescé (et puis je suis allée changer de culotte.) 

“Mais quand même”, j’ai risqué. “C’est que j’ai écrit : Tester la fish pedicure, sur ma bucket liste.”

Retour du regard noir. Qui s’est tout à coup adouci. 

“Viens, on va te faire ta séance de fish pedicure”, elle a dit.  

Elle m’a ordonné de m’ asseoir, sur le petit ponton trop instagrammable de la maison de location. M’a fait relever le menton pour qu’il ne soit pas double. M’a indiqué de monter les genoux. Plus haut. Moins haut, bordel. 

“Croise les jambes. En l’air. Tiens bon. Tiens encore. Lève les yeux. Gaine. Souris. Gaine mieux que ça. Amuse toi, merde. Ris, d’abord. Ecarte les orteils. Sois heureuse. Voilà. Mets tes pieds dans l’eau. PUTAIN DE BORDEL PAS TROP ! ” 

Pendant deux heures (non, je n’exagère toujours pas), elle a sifflé des ordres. Et pris 368 photos. 

“Voilà. Tu l’as eue, ta fish pedicure”, elle a conclu, satisfaite. “Et même une séance photos, en prime.” 

Bon. Je pense que je peux barrer ” tester la fish pedicure” de ma bucket liste. Deux fois même. Parce que les poissons étaient beaucoup plus gros. La seule photo potable, j’ai les pieds hors de l’eau. Et on ne voit pas mon double menton. Normal. 

la fish pedicure

Bon, y’en a eu d’autres qui valent le coup d’oeil. (le meurtrier de Serena) 

la fish pedicure

la fish pedicure

 

la fish pedicure

PS : L’histoire ne s’est pas passée tout à fait comme ça. 

PPS: En vérité, c’était pire. 

PPPS : Du coup, moi aussi, je lui ai fait quelques photos. 

fish pedicure

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