Un, deux, trois, etc…c’est la page Facebook d’une maman, Amanda qui raconte son quotidien, les bêtises et les perles de ses enfants, des anecdotes…et qui écrit des articles aussi, dont celui qu’elle m’a transmis. Avec , au delà de la prématurité, le terme de “prématernité”, que je trouve fort approprié…

On entend parler de la prématurité d’un bébé, j’ai envie de vous parler de ce que je vais appeller la prématernité.

Je suis arrivée ce matin à la maternité pour contrôler un rythme cardiaque un peu inquiétant la veille et l’annonce de l’accouchement imminent a été rapide.Je n’y croyais pas.

S’en est suivi une journée d’attente, d’hésitation puis les premières heures du lendemain sont arrivées, avec nos fils.

34 semaines et 1/2, c’est bien pour des jumeaux mais pas suffisant.

Ma prématernité commence ici, au moment où dans mes mains, je prends cette petite chose chaude et humide que je confie vite pour faire naître son jumeau.Le premier manque, ce petit respire la vie déjà trop fort, je ne peux pas profiter de lui, le sentir, m’imprégner, pas le temps.J’accomplis ma deuxième mission sans difficulté et avec bonheur.Ce toucher, la sensation dans mes mains, à peine de concentration et le souvenir est si puissant que je les sens.Notre deuxième fils est pris en charge tout aussi rapidement, je ne les reverrai que tard le soir.La journée sera longue et pleine de souffrances, de violentes “tranchées”, mon ventre se tord d’être vide.

Je traverse les couloirs, prends l’ascenseur et arrive devant cette porte. Je dois sonner, attendre, on m’ouvre, je dois porter des sur-chaussures et une blouse, j’entends les bips des machines, déjà. Je passe cette porte, cherche mes fils, on m’indique le chemin, j’avance tout droit, je ne vois rien autour de moi, seulement cette pièce, ces deux couveuses côte à côte.

Mon coeur est un moteur à explosion.

Presque un an après, j’ai encore mal, je peux encore sentir cette émotion, elle submerge.Je suis leur mère et pourtant je ne maîtrise rien.

prématurité

J’arrive dans ce monde complétement inconnu, tout est nouveau.Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, j’apprends à chaque instant, j’apprends à connaître mes fils, ce qui les entoure, ceux qui les entourent.Le fonctionnement d’une sonde de gavage n’a plus de secret pour moi, elle sera mon meilleur lien au départ, celui qui m’aide à être mère.Je m’accroche fort à ce tire-allaitement.

Je peux faire de plus en plus : les changes, les bains, quelques soins, les premières tétées peau à peau.

Replacer les électrodes se fait machinalement, je serai parfois au bord de la double personnalité : maman/infirmière.

Chaque jour je me lève et appréhende ma sortie, seule.Elle arrive, elle est là, je dois partir et laisser mes deux tout petits ici, avec ces étrangers, dans une boîte de plexi sans âme, pleine de hurlements machinaux.Je n’aspire qu’à les retrouver, je veux les toucher, les renifler bestialement, me jetter dans leur yeux, je veux qu’ils sachent que je suis leur mère, la seule et unique et que je fais de tout mon possible pour leur bien.Ca passe par être là, attendre qu’ils grandissent, qu’ils atteignent le fameux poids et qu’ils réussissent le fameux “bac de la néonat”.

Je finirais par pouvoir débrancher tout ces fils les yeux fermés; appeller quelques auxilières, puericultrices, sages femmes par leurs prénoms; prendre des libertés et lire à la virgule le petit cahier de chacun; devenir leur seule mère et enfin prendre mes enfants.

Encore aujourd’hui, des regards profonds me ramènent à ces instants.Même si leur prématurité est invisible maintenant, elle restera, c’est un fait, comme ma prématernité.

4 Commentaires

  • Maman louzoù 17 septembre 2012 à 10 h 31 min

    Magnifique témoignage !!!
    Je pense comprendre cette envie bestiale 😉
    La photo est superbe, il s’accroche tellement

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  • LudiM 17 septembre 2012 à 10 h 44 min

    C’est en lisant ce témoignage que je réalise encore plus la chance que j’ai eu d’accoucher dans une maternité avec une néonat “kangourou” : mes jumeaux ont toujours été ensemble, l’un contre l’autre dans une même couveuse, et la couveuse dans ma chambre. Je crois que cette pratique est une aide inestimable…

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  • amanda de undeuxtroisetc 17 septembre 2012 à 12 h 38 min

    coucou et merci!

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  • Madame Moustick 17 septembre 2012 à 23 h 29 min

    Merci pour ce très beau témoignage.

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