Gagnant-gagnant est une nouvelle écrite pour un concours. J’ai voulu écrire sur le harcèlement et plus précisement le cyber-harcèlement des adolescents.

{ Tristan :  Il y a comme une odeur bizarre. Ah non, c’est l’haleine de Laura ! }

Recroquevillée sur mon lit, je découvre la légende sur le mur Facebook de Tristan, postée sous une photo de moi prise à mon insu et pas très flatteuse, évidemment. Sur ce cliché, je sors des toilettes du collège, et avec mes cheveux gras qui cachent mes yeux rougis et mon long manteau trop grand pour moi. Ce n’est pas une grande surprise. Je savais en le voyant avec son smartphone que j’allais encore finir sur les réseaux sociaux. 

Les mains tremblantes, j’attends de découvrir les commentaires qui ne vont pas tarder à fuser. 

{ Maël Dft : Normal, elle sort des chiottes. La pipe, ça schlingue. }

{TristanYo: Pourtant elle a encore les yeux qui crient braguette ! }

{ Rachid Bgh:  Laura elle pue la teub à 10 kilomètres, tu la sens arriver lol }

Je détourne les yeux tandis que les larmes roulent sur mes joues. J’aimerais avoir la force de cliquer sur déconnecter, j’aimerais avoir le courage de ne plus regarder. À chaque nouvelle photo, à chaque nouvelle insulte, je prends un nouveau coup de poignard dans le coeur, mais je ne peux pas m’empêcher de suivre leurs échanges aussi glauques que calomnieux, parce que j’ai peur que ce soit pire encore si je ne regarde plus. 

{ Sam Uel :  C’était le tour de qui cette fois ? }

À chaque nouveau message, j’ai l’espoir que quelqu’un va me défendre. Pourtant, j’ai 14 ans, il faut que j’arrête de croire aux contes de fée. Il n’y aura aucun prince charmant sur son cheval blanc pour fendre l’air de son épée. Personne pour me croire. De toute façon, je ne fais plus confiance à personne.  

{ Maël Dft :  Ils étaient plusieurs, je crois qu’elle fait payer maintenant. }

Je réprime un sanglot. De salope, je suis en train de passer pute. Ascension fulgurante.  Bizarrement, je ne suis même pas surprise, ni de ma « promotion », ni des premiers messages privés qui tombent. « Alors tu suces pour combien? » Corbeille. Comme là où j’aimerais mettre tous les souvenirs de ces deux derniers mois. 

La vérité, ce n’est pas ce qui est vrai, c’est ce que tout le monde croit être vrai. Il suffit d’être un beau tchatcheur, un mec populaire, pour transformer un mensonge en réalité, pour transformer ma réalité en cauchemar, aussi. 

Je n’essaie pas de me défendre, parce que je suis coupable. Coupable d’avoir fait le mur, en cachant mon traversin sous mes draps Hello Kitty pour me rendre à la soirée d’anniversaire de Maël. Coupable d’avoir voulu passer pour une fille cool, et d’avoir fumé un pétard. Coupable de ne pas avoir tenu le coup, et d’être allée m’allonger dans une chambre, le temps que les murs arrêtent de tourner. 

Si seulement j’étais restée ici, sous mes draps Hello Kitty, je n’aurais pas ces souvenirs incrustés dans ma tête. 

Ce soir-là, j’ai fermé les yeux, et quand je les ai rouverts, Tristan était penché sur moi, le pantalon et le caleçon baissés. Quant à Maël, il jouait au paparazzi avec son téléphone. Les clichés de mauvaise qualité pouvaient laisser croire que j’avais eu son sexe dans ma bouche. 

Tristan m’a alors proposé un marché. Je lui faisais une petite gâterie et hop, comme par magie, les photos seraient effacées. Gagnant-gagnant. 

Je ne sais pas si c’était le reste de fumette ou sa proposition, mais j’ai senti un goût acide remonter de ma gorge jusqu’à ma bouche, et, sans réussir à bouger, j’ai vomi tout ce que je pouvais au moment où Élodie, ma meilleure amie, entrait dans la pièce, furax. 

{ Elo Die : Elle en a encore au coin de la bouche, la salope, non? }

Mon ex-meilleure amie. Au jeu de la vérité, Élodie a préféré la version de Tristan le don Juan, avec qui elle veut sortir depuis la sixième. Moi, je suis devenue la fille qui pue le sperme. La sale traînée à éviter. 

Selon la version officielle, j’aurais sucé deux mecs lors d’une soirée. Coup facile à faire tourner pour les uns, pauvre meuf infréquentable pour les autres, le résultat est le même. Je suis la brebis galeuse du troupeau. Celle qui porte l’odeur de la honte, de la culpabilité. 

Celle sur qui on peut se défouler verbalement et surtout virtuellement.

Oui, il y a comme une odeur bizarre. Celle du sang qui s’échappe de mes veines sur mes draps Hello Kitty  tandis que j’appuie pour  valider mon dernier commentaire. 

Laura Martin : {J’espère que vous me rejoindrez tous en Enfer. Gagnant-gagnant. }

5 Commentaires

  • charlene 5 juillet 2015 à 10 h 19 min

    C’est super ce parc après pour les petits difficile car les atractions sont au 3/4 pour les grands mais tellement moins cher que disney une bonne alternative!
    la photo du niaf sur le sphinx j’ai la même au même âge à peut près j’avais 6 ans donc c’était il y’a 20ans!!!!!!
    Nous on va emmener le grand au puys du fou (cela fait 20ans que j’y vais régulièrement lol) si tout va bien, mamzelle elle est trop petite (2ans) pour la patience c’est pas la peine faudra qu’on trouve un bénévole (ou un esclave lol) pour la garder
    profitez bien

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  • Vlynette 5 juillet 2015 à 11 h 39 min

    36 ans, ça ne mérite quand même pas un feu d’artifice !!!!!! Comme on n’attendra pas les 50 comme Idéfix, faisons un compromis : je te promets une jolie fête pour tes 40 ans 🙂 🙂 🙂
    Et le parc Astérix, j’adoooooooooore !!!!

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  • stephanie.m 20 août 2015 à 10 h 13 min

    Chouette journée,un loulou tout content

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  • Mialana 28 mars 2016 à 17 h 22 min

    Hello. C’est une sortie très réussie et le petit a l’air de s’être amusé comme un fou. Oh, comme j’aimerais pouvoir sortir avec mon fils aussi. 🙂 En tout cas, bravo pour ces moments passés en famille. C’est très beau !

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