La potion magique.

La dernière fois que je te parlais de vacances, je t’avais laissé avec une vue magnifique sur les montagnes, entre l’apéro et le digestif, à peu près. 

Aux Flocons verts, où il fait tellement bon vivre qu’on pourrait ne pas en sortir et trouver notre bonheur. Piscine, farniente, animations… Mais la région est également réputée pour ses superbes circuits de randonnée, tant en VTT qu’à pieds. 

Dès le dimanche, le n’am testait, au taquet, et me ramenait des photos qui donnaient envie (de les admirer en buvant un mojito). Mais apparemment, il se faisait aussi des copines. (qui sont-elles, que veulent-elles, quel est leur réseau? Non je ne suis pas jalouse, mais je veux aller voir par moi-même qui est cette grosse vache dont tu parles.)

Alors, j’ai accepté de quitter mon paradis (le transat entre la piscine et le bar de Thierry), et après avoir fait le shake du lapin avec Robert, le directeur du village vacances,  on s’est lancés pour une « petite » randonnée, en famille. Au départ, les niafs étaient à fond. Ils couraient, slalomaient, partaient devant, revenaient, nous montraient les cabanes qu’ils avaient construit avec les animateurs, nous parlaient de fourmis et de fleurs dont ils connaissaient les moindres détails. On était bien, là, tous les quatre. 

Au bout de 2 kilomètres, Niafette rêvait déjà de retourner au club enfants, mais le niaf continuait vaillamment la randonnée, insufflant du courage à sa grande soeur (qui ne voulait pas passer pour une mauviette devant son frangin). 

On se prenait pour des aventuriers, on vivait notre Koh Lanta, et on en était à 7 bornes de marche quand nous sommes arrivés dans un joli petit coin perdu au nord des Carroz d’arrâches. On était bien, là, tous les quatre. 

C’est là que le n’Am nous a signalé que maintenant, il fallait prendre la route du retour. Ces 5 kilomètres qu’on venait de descendre à flanc de montagne, on allait devoir se les engloutir en montée? Il n’y avait vraiment pas d’autre chemin? Non. 

On était bien, là, tous les quatre. Enfin, on aurait été mieux au buffet d’entrées, d’ailleurs c’était l’heure de manger et c’était repas savoyard en plus. Le niaf s’est arrêté au milieu du chemin, et a dit “Allez y, moi, z’arrête.” On aurait ri si on s’était pas imaginé devoir le porter les 7 kilomètres du retour. (en montée, je te rappelle). Alors, le n’am a sorti une gelée à la framboise de son sac, et j’ai dégainé l’arme ultime : le gros bobard sous forme de conte de fées. “Tu veux un peu de potion magique? C’est comme celle qu’ Astérix prend pour dégommer les romains, tu sais? Nan, moi je n’en ai pas besoin, je suis comme Obélix, tombée dedans quand j’étais petite… ” Le niaf n’a pas marché, il a couru. Dans le bobard comme dans la forêt. Comme possédé. Tellement que j’ai vérifié la composition du gel qu’on lui avait filé, pour être sûre qu’il n’était pas sous amphétamines. 

Le pouvoir de la persuasion, c’est dément comme potion magique. Par contre, en rentrant, il a sauté 124 fois dans la piscine, paradé à la veillée, et ensuite, il voulait encore aller danser… On était ptêt allés trop loin dans l’idée… 

Il a une nouvelle excuse pour ne pas aller se coucher! 

(et finalement, on était tellement bien, tous les quatre, que dès le lendemain on a fait une nouvelle randonnée!)