Les jolies gouttes de pluie.

Il pleut, le ciel est gris, le printemps est à l’automne, maussade. 

Et mon coeur est au diapason de la météo. J’ai le coeur à rester le cul collé sur le canapé en attendant que l’orage passe. Pourtant, j’aime lever la tête et ouvrir la bouche pour attraper une goutte de pluie.

Attrapeuse de jolie goutte de pluie, encore une idée de carrière pour quand je serai grande. Attrapeuse de jolie goutte de pluie, ça pourrait s’assimiler à sauter sur la moindre occasion de faire entrer un peu de soleil dans le ciel triste, à laisser passer des morceaux d’arc-en-ciel dans la grisaille… A lever mes fesses du canapé pour mieux pouvoir gober une goutte de bonheur.

Parfois, il glisse entre les doigts, le bonheur, il faut savoir faire preuve d’adresse pour en attraper un morceau. Et ne pas hésiter à prendre des risques. Sortir sans parapluie. Tout en se disant que peut-être, la goutte tombera dans l’oeil. 

Mardi soir, alors que la résolution de se coucher pas trop tard s’était encore fânée, j’ai reçu un coup de coude arc-en-ciel. Une fille que je ne connaissais pas vendait une place pour le concert de Patrick Bruel, pour le lendemain soir. ( Patrick Bruel est le soleil de mes 13 ans et j’ai presque 3 fois 13 ans.) 

Sur papier, c’était compliqué-mieux-vaut-rester-sur-le-canapé : trouver qui allait gérer les enfants, me pointer à un concert avec une inconnue, risquer de ne pas apprécier le répertoire de Barbara que je ne connaissais pas… 

Pourtant, en quelques secondes, j’ai décidé de fermer le parapluie… tant pis si la goutte de pluie tombait dans mon oeil, j’avais une chance de l’attraper sur la langue. 

J’ai attrapé une myriade de gouttes de pluie sur le bout de la langue. Une infinité de gouttelettes de bonheur, un arc-en-ciel de bonheur dans le coeur. Le soleil à travers le gris. Ce concert était intime, intense, un tourbillon de sentiments. 

Et ça m’a rappelé qu’il était important d’ attraper toutes les gouttes de pluie. 

Merci le destin, la soeur de Véro qui a eu un empêchement, merci Véro d’avoir revendu sa place et pour cette jolie rencontre, merci Patrick de me faire revivre mes 13 ou 14 ans à chaque fois, et merci aux musiciens qui ont rendu ce moment encore plus joli. 

La photo n’a presque rien à voir mais je la trouve lumineuse (et c’est moi que Patrick regarde alors je me suis permis de la piquer à Isabelle.) (oui, c’est MOI qu’il regarde, là.) (je l’ai déjà dit, et alors, j’ai bien le droit de reprendre une goutte de pluie !)