Etre mère, c’est devenir un peu schyzo (avec personnage légendaire)

Je ne t’apprendrais rien si je te dis qu’être mère, c’est aussi être chauffeuse, infirmière, organisatrice d’anniversaire, championne de courses de caddie (hein?), dénicheuse de doudou perdu, cuisinière. ( j’ai d’ailleurs écrit mon CV de mère). Il y a cependant un métier que j’ai découvert récemment. Une mission spéciale: Infiltrer le costume de  LA petite souris. Oui, j’avais déjà incarné un personnage mythique, le père Noël. Et non, jusque là, ça ne me dérangeait pas d’être pour une soirée triple centenaire, barbu, et rougeaud. Parce que je ne devais pas rentrer dans le costume pour du vrai, et parce qu’on a toujours réussi à éloigner les niafs de la pièce tandis que le dit vieux barbu déposait ses cadeaux.

Mais là, il m’a fallu devenir un animal (non, je te rassure tout de suite, je n’ai pas enfilé le costume pour du vrai. Enfin, si, une fois, mais juste dans le rôle d’une souris lambda, et pas de the ptite souris, tu vois?). Tout petit et couinant (d’un minsucule couinement afin de ne pas réveiller ma progéniture, n’est ce pas.) Un animal discret qui allait déposer une pièce sous l’oreiller et récupérer une toute petite dent à la place.

Et ça, je n’avais JAMAIS fait. Bingo, j’ai balisé. Enfin, non. Sur le coup, tu penses, j’étais euphorique. (j’te rappelle pas que j’ai 5 ans, hein.). Et puis mon édentée est partie se coucher, sa ratiche sous l’oreiller, et… j’ai zappé.

C’est vers 23 heures que j’ai été prise d’une crise de lucidité aigüe, la culpabilité en sus. Comment avais-je pu oublier, ne serait-ce que quelques heures, qu’une petite fille de 6 ans se réveillerait demain, tout sourire (troué), la main sous le coussin?

J’ai imaginé l’angoisse et le désespoir si je devais faillir à la mission, les larmichettes au coin de ses noeils, tout le tralala.

Et puis, m’est venue une autre question subsidiaire mais néanmoins importante: combien devait raquer la petite souris pour satisfaire ma princesse dent en moins? Mes petits lecteurs d’amour m’ont conforté. Point trop n’en faut, c’est une souris, pas le jackpot de l’euromillions.

Il s’avère que dans mon porte-monnaie, il y avait une pièce de 20 centimes, et une de 2 euros. J’aurais bien gardé les deux euros pour acheter le pain, mais de une, je ne vais jamais à la boulangerie, de deux, je ne voulais pas que Niafette pense que la souris est un rat, tu vois?

Le moment décisif, crucial, rempli de suspense est arrivé. Telle THE petite souris, j’ai délicatement grimpé les marches, je suis arrivée au bout du couloir, et là… Niafette a parlé. Le drame. Je me suis imaginé attendre jusqu’à 2heures du mat’. J’ai visualisé une scène d’horreur dans laquelle Niafette me prenait la main sous l’oreiller. Je me voyais déjà trouvé une explication de merde, bégayé, et tout avoué…

Je me suis armée de tout mon courage, j’ai préparé une explication plausible (je venais de mettre un pain à la petite souris qui m’avait fait peur en me réveillant, elle s’était planté d’oreiller, mais t’inquiètes chérie elle va bien…)

Tremblante, j’ai fait mon devoir de souris. Mission accomplie! Le lendemain, j’ai même réussi à feindre la surprise quand Niafette, brandissant fièrement sa pièce, est venue me rejoindre, avec son sourire édenté.

Etre mère, c’est peut-être devenir un peu schyzo, mais c’est aussi s’émouvoir des bonheurs de l’innocence…

Mon “être mère” pour Petits Diables et Foxy Mama.