Pépé Jeannot.

On le sait, que la vie se finit invariablement selon le même schéma.

On le sait, mais on a beau se consoler d’un “il a eu une belle vie”, “il allait avoir 88 ans…”, nous, on reste en bas.

Pépé Jeannot, c’était la première “pièce rapportée” d’une famille patchwork. C’était le tout premier qu’on a aimé avec notre coeur alors qu’on n’ avait pas le même sang.

Pépé Jeannot, c’était l’ombre de ma Oma. “Comme Oma”, il disait au resto. ” Comme Oma”, il disait quand on lui laissait le choix.

Il avait son caractère le Jeannot, et il y en a eu, des disputes entre nous, des mots plus hauts que les autres, quelques gros aussi. Mais comme on dit, aimer, c’est apprécier les qualités, c’est accepter les défauts.

Pépé Jeannot, c’était notre pépé du dessin animé Là-Haut. Il s’amusait de la ressemblance, posait pour nous faire rigoler, ou peut-être pour la postérité. Il ne comprenait rien aux nouvelles technologies, mais il aimait bien se savoir “liké” sur Instagram. S’il avait eu de nombreuses années de moins, pour sûr qu’il aurait mis “les cannes qui ont fait trembler Hollywood”, comme il aimait à appeler ses mollets de coq, sur les réseaux sociaux.

Plus il vieillissait, plus il avait l’âge de mon Niaf. Il trichait aux petits chevaux, mais perdait quand même en bougonnant. C’est la première chose que le niaf a déclaré quand il a appris que voilà, Pépé Jeannot était parti “là-haut” : “alors, il ne pourra plus tricher aux petits chevaux.”

Je ne sais pas, mon niaf, s’il pourra encore jouer aux petits chevaux. Je ne sais pas s’il est vraiment parti là haut. Mais je sais qu’ici, il était fier de nous, et que d’ici ou de là-bas, il nous manquera.