Quand on ne sait pas refuser, faut savoir mythonner (#grosse honte dedans.)

Ding dong! ça sonne à la porte de la maison. Le Niaf se met en transe. Il est comme sa mère celui là, il aime bien recevoir de la visite…ou des colis, au choix!

A l’extérieur, un gros bonhomme a l’air jovial, qui me montre sa carte. Il travaille pour la ville en association avec un célèbre journal quotidien. Et immédiatement, s’extasie sur mon bibounet. Oh, qu’il est beau! Et moi, normalement, je vais être papa aujourd’hui, alors je garde mon téléphone près de moi…blablabla. Je ne sens pas venir la vieille technique du commercial.

Pourquoi? Parce que je suis une grande naïve. Et surtout, parce que je ne sais pas refuser. Essaie, si si…demande moi un service, dis moi de venir parce que ça ne va pas, demande moi des sous devant un grand magasin, ou une signature pour aider les moldaves à se payer un ciné…je fonce, tête baissée. Même si ça me plait moyen, que je n’ai plus une tune sur mon compte…

Et le pire, c’est quand l’offre semble alléchante. Voilà, par exemple, pourquoi, après avoir offert un thé (ouais, carrément) à une commerciale il y a deux ans, je me retrouve à devoir renvoyer la sélection du trimestre de France Loisirs quasi à chaque fois.

C’est aussi comme ça que j’ai payé 10 euros un calendrier des postes…et que je me suis rendue compte après coup que j’avais enrichi un arnaqueur…puisque c’était un vieux calendrier imprimé je ne sais où…

Bref, je réfléchis toujours après. Mais j’essaie de faire attention, désormais, je les stoppe dès l’entrée (j’ai même réussi à refuser des macarons à 27 dollars les 5, l’autre jour…aaaah, fierté!) Sauf que comme je n’aime pas décevoir les gens, sentir leur tristesse, je mithonne un peu. Le voisin qui vient pour la 12 ème fois me vendre un ticket de tombola? J’ai plus de sous. La nénette qui vient vendre ses produits surgelés décongelés? Un souci de congélo.

Ouais, c’est moche. Mais on ne se refait pas, je suis comme ça.

Donc, le gars entre. Et s’installe sur ma table de salle à manger. Je me dis qu’il prend ses aises rapidement, je croyais qu’il voulait juste m’offrir son journal, là…

Mais nan. Il me propose de tester deux mois d’abonnement. Sans aucun engagement. Ah, ok, c’est sympa…Il avance le fait qu’en plus, j’aurais des billest gratuits pour des parcs d’attraction et puis autre chose…Là, je m’interroge…tout ça, gratuitement? Lui, ne s’interroge pas. Il est déjà en train de remplir l’abonnement. Euh, faut payer? Oui, mais seulement 60 euros, ça va, hein?

J’ai peur de passer pour une pingre, mais 60 euros pour un torchon que je ne lirai jamais, ça fait beaucoup. Sauf qu’il me balance que grâce à moi, ça va créer des emplois. Arghhhh, ne touche pas à ma fibre sociale, je t’en prie!

Je suis quasi convaincue, quand je me dis que merde, 60 euros, quand même. Je m’apprête donc à lui signaler que non, merci ça ira, quand tel Pinocchio, c’est plus fort que moi, l’excuse sort: “C’est con, hein, mais c’est mon mari qui a mon chéquier.” (je dis “mari”, dans ces cas là, ça fait mieux)

Je me croyais débarassée? Que nenni. Il me dit qu’un rib, ça ira. Ouch…Bon, Pinocchio, réfléchis… Oh, dommage, mes relevés bancaires arrivent par mail. yeah!! Bien joué, non?

Non, pas bien joué. Il me dit qu’il va attendre le temps que je les imprime. Et crotte de biquette…C’est qu’il est rusé aussi, celui ci!

De là, je vais vers mon ordi, l’air de rien (ou plutôt, l’air de regarder internet) et je coupe tout. Ah tu veux jouer, hihihi!

Le gars me dit que c’est bizarre, chez les voisins ça fonctionnait, et qu’il va me réparer ça. Et moi, j’ai pas envie qu’il touche à mon ordi. Je commence à ne plus jouer et à le trouver un peu trop insistant. Je lui dis alors qu’il n’a qu’à repasser plus tard, que là, il faut que je couche mon petit.

Et là, il me rétorque: “bah, vous le coucherez dans 10 minutes, le petit, ça va, hein.”

Je ne joue plus. Mon sang ne fait qu’un tour. Je lui dis de sortir, tout de suite, en ouvrant la porte pour lui montrer le chemin. Tout en me disant que vraiment, il est louche ce type. Il est bon joueur, et m’assène un ptit “à tout à l’heure.”

En montant le Niaf, j’ouvre la fenêtre. Il est au téléphone. “Je suis au bout de l’avenue, là. Ouais, j’y retourne bientôt, ça va être bon.” Genre, y’a vraiment écrit PIGEON.

Le bonhomme est sûrement repassé. Parce que quand je suis sortie, plus tard, mon post it avait disparu. Celui sur lequel il était écrit:

“Ne pas sonner, bébé dort. Monsieur du Journal,en fait, mon mari n’est pas intéressé par votre offre. Bonne journée!”

Ptêt que je suis passée pour une nana entretenue, docile, et quiche. Mais j’ai pas claqué 60 euros! (oui, et la prochaine fois, je dirai directement NON!)

Et vous, ça vous est déjà arrivé, ces grands moments de solitude?